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KEVIN ESCOFFIER, LE MARIN MULTICASQUETTE

Après plusieurs années en tant que directeur de bureau d’études et équipier de course au large, Kevin Escoffier, skipper de l’IMOCA PRB, prend son envol.

© Yann Riou / PolaRYSE

Kevin Escoffier est l’un des 33 skippers à s’engager dans la 9e édition du Vendée Globe. Après plusieurs années en tant que directeur de bureau d’études et équipier de course au large autour du monde sur divers supports (monocoques, multicoques…), il est aujourd’hui seul maître à bord de son IMOCA PRB. Un défi en solitaire qu’il s’est lancé pour se prouver qu’il peut enfin voler de ses propres ailes… ou foils…

De l’équipier au solitaire

Féru de technologie et de voile (une passion de famille), Kevin, alors tout juste âgé de 19 ans, quitte sa ville natale de Saint-Malo pour Paris et entreprend des études d’ingénieur en mécanique des matériaux et des structures pour se spécialiser dans la construction de bateaux de course. Pour son stage de fin d’études, c’est à Port-La-Forêt (Finistère) chez un certain Michel Desjoyeaux qu’il atterrit. Une porte d’entrée dans l’écurie Mer Agitée qui va lui transmettre la passion de la course au large. Et cette passion sera d’autant plus forte quand, en 2005, il régate aux côtés de son père Franck-Yves sur la Transat Jacques Vabre qu’ils remportent à bord du voilier Crêpe Whaou ! et dont Kevin a suivi la construction. Un an plus tard, il rejoint le Team PRB pour contribuer à la fabrication du quatrième IMOCA de Vincent Riou (un plan Farr), puis il intègre le Team Banque Populaire comme responsable de projet. Le jeune malouin mène en parallèle une brillante carrière d’équipier de course au large et collectionne aussi bien les victoires que les milles : le Record de l’Atlantique Nord en 2009 sur Banque Populaire V, le Trophée Jules Verne aux côtés de Loïck Peyron en 2011, la Volvo Ocean Race avec Charles Caudrelier en 2018…

Mais voilà, à l’aube de ses 40 ans, Kevin aspire à un autre défi : courir en solitaire, un terrain sur lequel il n’a pas encore osé s’aventurer. Alors, lorsque Vincent Riou lui propose de prendre les commandes de son IMOCA PRB en 2018 et de s’attaquer au Vendée Globe, il n’hésite pas une seconde à relever le défi.

L’ingénieur et le navigant

Une mission d’envergure qu’il mène de bout en bout depuis bientôt deux ans. À la tête du Team PRB, il supervise l’ensemble du projet, de la technique à la performance du bateau en passant par la gestion des chantiers, du gréement, des voiles, des entraînements sportifs… Ses différentes expériences professionnelles, que ce soit en tant que directeur du bureau d’études ou équipier de course au large sur des tours du monde (il est même souvent désigné pour réparer les casses éventuelles), ont forgé sa personnalité aux multiples facettes et le conduisent aujourd’hui à s’élancer dans son premier Vendée Globe le 8 novembre prochain.

« Après ma deuxième campagne Volvo Ocean Race en 2018, une des courses au large en équipage les plus exigeantes, j’avais gagné en maturité et je me sentais enfin prêt à tenter l’exercice en solo. Et c’est à ce moment-là que Vincent m’a contacté. C’était comme un signe.

« J’ai eu la chance de naviguer à bord de multicoques, de faire le tour du monde sur des supports différents. C’est vrai que j’arrive sur le tard en solitaire, mais je viens chercher d’autres expériences dans un domaine que je n’avais pas encore exploré jusque-là. Ce n’est pas pour faire parler de Kevin Escoffier, souligne-t-il, mais c’est pour m’accomplir davantage en tant que marin, relever le défi sportif et avoir plus confiance en moi. Ma seule appréhension est de ne pas être assez performant. »

Si Vincent Riou lui a donc confié les manettes de son IMOCA PRB (plan Verdier mis à l’eau en 2010), c’est parce qu’il fallait un profil de navigant expérimenté et polyvalent tant sur le plan humain que logistique et technique.

« Je reprends en main un projet dont les moyens ne sont pas les mêmes que ceux d’autres ténors de la voile qui peuvent se concentrer uniquement sur l’aspect sportif. Je suis engagé dans tous les dossiers du bateau. En plus d’être skipper et passer le maximum de temps sur l’eau, tu dois être directeur d’équipe, gérer toutes les phases de conception, suivre les chantiers, dessiner des pièces de bateau, t’impliquer dans la fabrication du gréement, du mât et des voiles, gérer toutes les réunions… Nous ne sommes que quatre personnes à plein temps. »

Et si mener ce projet sur tous les fronts peut paraître chronophage, sa casquette d’ingénieur est au contraire un véritable atout, exprime-t-il, et loin d’être un frein à la performance, elle est directement liée à la compréhension du bateau. « Comprendre la structure complexe et fragile des IMOCA permet d’aller plus vite et de faire attention pour ne pas casser les ficelles de ces bateaux. Cet aspect technique n’offre que des avantages. »

© Yann Riou / PolaRYSE

Un bateau, une histoire  

Depuis l’arrivée de son nouveau skipper, l’IMOCA PRB a subi quelques modifications (électroniques, plan de pont, casquette…), et pourtant pour Kevin ce bateau garde encore l’âme de Vincent. « On a effectué deux chantiers dont un gros chantier d’hiver. On a surtout cherché trois aspects dans l’évolution de PRB : en premier la fiabilité, puis la performance et enfin l’ergonomie pour le mettre un peu à ma main. Mais ce sera toujours le bateau de Vincent Riou, c’est lui qui l’a conçu et qui l’a développé pendant 10 ans et maintenant, c’est Kevin Escoffier qui le peaufine. Chaque bateau possède une histoire. PRB continue à vivre entre mes mains et je poursuis un chapitre de son histoire. »

Parmi les diverses évolutions de PRB, les voiles représentent un autre volet sur lequel Kevin s’est beaucoup impliqué. « Avec North Sails, on a développé un nouveau jeu de voiles et j’ai participé à sa conception. J’ai des relations de longue date avec la voilerie, comme avec Gautier Sergent et Yann Régniau, et ce, depuis l’époque où je travaillais déjà pour Team Banque Populaire en bureau d’études. J’ai également régaté sur deux Volvo, deux IMOCA et un multicoque avec des voiles North. J’ai de la chance de travailler avec des personnes compétentes techniquement comme humainement. Non seulement ils disposent des meilleurs produits au monde avec le 3Di, mais ils disposent aussi des meilleures compétences humaines. C’est ce que j’apprécie chez eux. »

Reste que pour mener à bien une campagne Vendée Globe, il faut aussi une organisation particulièrement méticuleuse. « En tout premier lieu, il faut établir un planning précis et cohérent en fonction du temps imparti. On est toujours en flux tendu et c’est le planning qui régit la suite des étapes pour pouvoir bien s’organiser. Puis, il faut beaucoup travailler et tout connaître sur le bout des doigts. Je n’ai pas envie d’avoir de regret et je fais alors le maximum pour être prêt au départ des Sables-d’Olonne.

En tout cas, depuis qu’il a pris en main son IMOCA, Kevin Escoffier a déjà montré son potentiel avec cette année une belle performance en terminant 5e sur la Vendée Arctique et tout récemment une première victoire sur le Tour de l’île de Groix lors du Défi Azimut, sans oublier les brillants résultats de l’an passé : 2e sur la Transat Jacques Vabre avec Nicolas Lunven et 2e sur la Rolex Fastnet Race. Nul doute que ce concurrent sérieux saura tirer le meilleur parti de son bateau pour briller lors de son premier tour du monde en solitaire.

© Christophe Favreau / Défi Azimut 2020
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