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« CE SONT LES PETITS DÉTAILS QUI FONT LA DIFFÉRENCE »

Charles Caudrelier, un héros des temps modernes

Charles Cauderlier Gitana North Sails
📸 © Eloi Stichelbaut / polaRYSE / Gitana SA

La victoire de Charles Caudrelier dans la Route du Rhum a tout d’une histoire de super héros. Mais loin de revêtir un costume de cape et d’épée, ou d’un personnage de Marvel pour monter sur le devant de la scène, le navigant de 48 ans, plutôt d’un tempérament doux et discret au quotidien, n’aspire qu’à exercer son métier de marin le plus professionnellement et le plus humblement possible.

« Si je regarde mon parcours, c’est incroyable… mais… je ne sais pas quoi dire, je ne veux pas paraître prétentieux… Je pense avoir fait du bon travail. J’ai eu aussi beaucoup de chance dans ma carrière de faire partie des meilleures équipes, d’être entouré de gens extraordinaires et de naviguer aux côtés de grands marins. Et j’aime observer et prendre chez eux ce qu’il y a de meilleur. »

Quoi qu’il en soit, cette consécration sort ce chevalier des temps modernes de l’ombre et le place aujourd’hui dans la cour des grands de la course au large. Charles Caudrelier n’en est pourtant pas à sa première victoire. Il a déjà derrière lui un palmarès impressionnant : une victoire dans la Solitaire du Figaro, trois victoires dans la Transat Jacques Vabre en double et deux victoires dans la Volvo Ocean Race en équipage dont l’une en tant que skipper.

Quel est donc le secret d’une telle réussite ? Charles évoque notamment sa détermination et sa motivation sans faille. « Je pense que ma capacité à travailler en équipe, à pousser tout le monde dans la bonne direction et à m’entourer des bonnes personnes a toujours été l’une de mes forces. Ma détermination aussi à mériter ma place ; j’ai travaillé dur pour être skipper d’une équipe comme celle-ci. Ma motivation est à 200 %. Je suis capable de pousser mes limites… Mon routeur météo m’a dit : tu mènes le bateau au même niveau de performance qu’en équipage. »

En plus de son exploit dans cette 12e édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, Charles s’adjuge un nouveau record de course. Avec un temps de six jours, 19 heures, 47 minutes et 25 secondes, il devance de plus de 18 heures celui établi par Francis Joyon en 2018. Et ce record n’a pas été réalisé dans des conditions les plus favorables : la flotte a dû faire face à une météo complexe, contrainte de négocier front après front pendant les trois quarts du parcours.

Mais le skipper de Gitana Team a su mettre à bon escient sa riche expérience en Ultime. « Je connais très bien mon bateau, je me suis beaucoup entraîné, et je savais exactement comment le régler. Si vous me donnez un angle et une vitesse de vent, je peux vous dire précisément où placer tous les réglages pour être rapide. J’ai pu observer qu’à chaque transition, j’étais plus rapide que mes adversaires et que j’étais capable de naviguer sous différents modes. »

Sa monture, le Maxi Edmond de Rothschild, est une machine extraordinaire. Lancé en juillet 2017, il a été le premier maxi-multicoque construit pour foiler intégralement au large. Il mesure 32 mètres de long, pèse 16,5 tonnes, et sa surface de voile au portant (650 m2) équivaut à trois terrains de tennis. Il a surtout remporté de nombreuses victoires depuis son lancement.

Edmond De Rothschild North Sails
📸 © Eloi Stichelbaut / polaRYSE / Gitana SA

« Nous avons fait un grand pas cette année avec les nouveaux appendices. Je pense que nos foils sont une arme redoutable, confie Charles. Aujourd’hui, nous mettons l’accent sur ces éléments, car c’est un domaine dans lequel nous pouvons progresser. Je n’ai pas l’expérience technique de Franck Cammas (co-skipper du programme jusqu’à début 2022). Mais avec lui et les gars autour de moi, j’ai beaucoup appris, et je pense avoir acquis une bonne connaissance et un bon feeling de ce qu’il faut faire. Par ailleurs, le retour d’information des marins est essentiel dans un travail d’équipe. Observer et comprendre le comportement des appendices sous l’eau, les circonstances de cavitation, de ventilation, etc. Ce sont là des retours d’informations très utiles pour mon équipe de conception. »

Concernant le plan de voilure, « nous avons fait de solides progrès avec nos nouvelles voiles cette année (le Maxi Edmond de Rothschild possède une garde-robe complète North 3Di). En 2019, nous étions déjà l’une des premières équipes à utiliser le système Helix de guindant structuré de North Sails, une technologie qui nous a permis de faire de véritables gains de performance.

« Nous avons également conçu un J1 différent, poursuit Charles, avec une drisse en tête là où tout le monde a opté pour une cadène plus basse. Grâce à cette configuration, nous avons gagné en surface. De manière générale, la forme de nos voiles diffère un peu, avec une grand-voile probablement plus creuse et des voiles d’avant plus plates que les autres bateaux. »

Il n’est pourtant pas facile de se mesurer aux principaux concurrents eux-mêmes équipés North Sails, ajoute Charles. Tout le podium Ultime utilisait North Sails (ainsi que le podium IMOCA, le vainqueur de la classe OceanFifty et les deuxième et troisième de la classe 40).

« La plupart des bonnes équipes travaillent avec North Sails, il n’y a donc pas de grandes différences, mais quelques petits détails de progression qui font la différence. Nous échangeons avec notre dessinateur de voiles sur tous les points : la surface, la puissance des voiles, etc. jusqu’à ce que nous obtenions le meilleur compromis possible. Nous aimons innover et nous sommes généralement parmi les premiers à mettre en pratique leurs innovations. Sans oublier que nous avons de très bonnes relations avec les membres de North Sails. »

Sur le plan aérodynamique, d’autres paramètres ont été modifiés. « Nous couvrons une plus grande plage d’angles de vent (que l’AC 75, bateau de la Coupe de l’America), ce qui rend complexe de garder la bordure de la voile d’avant plaquée au pont. Mais sur la grand-voile, c’était l’une de nos innovations. Nous avons réduit l’espace entre la grand-voile et le cockpit, et c’est un gain important. »

L’approche globale n’est cependant pas de chercher la solution miraculeuse. « Nous mettons sans cesse la barre haute et essayons de perfectionner les tout petits détails. Notre démarche est de toujours évaluer une nouveauté pour trouver une marge de progression. C’est comme ça que nous nous sommes améliorés… peut-être que 100 petits détails font la différence aujourd’hui en termes de vitesse. »

Force est de constater aussi que le Maxi Edmond de Rothschild est un bateau fiable et éprouvé. « La boîte à outils est d’ailleurs restée rangée, précise Charles. Je n’ai endommagé aucune pièce sur le bateau ni aucune voile. J’ai réussi probablement à faire les bons choix au bon moment, à trouver le bon équilibre sur cette course. »

Et dans quelques semaines, lui et son équipe tenteront de nouveau de battre le Trophée Jules Verne si une fenêtre météo s’avère propice. L’ambition est d’aller chercher la barre symbolique des 40 jours pour faire le tour de la planète. Le temps n’est donc pas au repos en cette période de fin d’année pour les membres du Gitana Team, mais plutôt aux détails toujours et encore pour parfaire le travail acquis et espérer inscrire ce trophée à leur palmarès. 

Edmond De Rothschild North Sails
📸© Marin Le Roux / polaRYSE / Gitana SA
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