LA JOB-LISTE DE PRÉ-DÉPART
Partir dans les meilleures conditions pour les marins nécessite une inspection méticuleuse de leurs équipements, voiles incluses.
© Amory Ross / 11th Hour Racing
Être en mode régate pour les équipes est souvent synonyme de concentration, rythme effréné et vérifications minutieuses. Pour la dernière ligne droite avant le départ d’une compétition et afin de partir dans les meilleures conditions possibles, les navigants se focalisent sur l’aspect technique, inspectent leur bateau, passent au peigne fin tous les équipements dont les voiles qui peuvent faire l’objet de modifications, de réparations ou d’une maintenance. Après cet inventaire, ils passent à la météo, un aspect crucial d’une bonne préparation afin d’anticiper le choix des voiles et d’options tactiques judicieuses dans l'espoir de figurer parmi les meilleurs au classement final. Enfin, si le temps le permet, ils profitent d’un peu de repos avant le jour J.
Dans le cadre d’une grande course comme la Transat Jacques Vabre, la pression peut donc être au maximum au sein des teams, elle l’est aussi sur le plancher de la voilerie North Sails à Vannes où tout le personnel s’organise pour assister au mieux les navigants.
Sur les 60 duos engagés dans cette 14
e édition de la Transat Jacques Vabre, partis dimanche 27 octobre du Havre - direction Salvador de Bahia au Brésil, 31 bateaux sont munis de voiles North (jeu complet ou partiel) dont 20 Imoca, 8 Class 40 et 3 Multi 50, les Ultims faisant course à part dans un tout nouveau format : la Brest Atlantiques dont le départ est prévu début novembre.
4 350 milles, soit 7 000 km, est la distance à parcourir sur cette route du café, et c’est aussi la plus longue pour une transatlantique. Une inspection minutieuse des voiles s’impose.
« Nous assurons toujours un service sur place au moins une semaine avant le départ afin de répondre aux besoins de chaque équipe, commente Alan Pennaneach, technico-commercial à North Sails Vannes. Nous procédons à une visite de tous nos clients et vérifions les voiles sous toutes les coutures en présence des skippers ou de l’équipe technique, inspectons le kit de réparation et expliquons également comment réparer les voiles en cas d’avarie lors de la compétition.
« Nous avons fait de nombreux allers-retours entre Le Havre et Vannes pour des retouches et finitions de dernière minute », poursuit Alan.
Dans les locaux de la volerie North Sails à Vannes
« Il arrive que certaines équipes nous renvoient leurs voiles quelques jours seulement avant le départ, et même la veille, ce dernier cas restant assez rare, ajoute Thibaut Agaugue, responsable service chez North Sails. La période de pré-départ est toujours très intense pour nous. Le timing peut donc être très serré. »
Au préalable, le travail de préparation des voiles consiste à engranger un maximum de milles pour les tester dans tous les ranges possibles. Les marins passent ainsi de nombreuses heures à naviguer avec les dessinateurs dans le but d’optimiser leurs voiles.
« Il y a donc deux démarches en fonction de l’objectif, précise Thibaut. Les équipes dont le budget est conséquent vont prendre le temps de fignoler, miser sur l’optimisation et même s’attaquer à de grosses modifications peu de temps avant le départ si elles sont convaincues que ces initiatives contribueront à grapiller des milles. Leur objectif est de gagner. La plupart du temps, les voiles sont en très bon état, voire neuves.
« Pour d’autres, il s’agit surtout de finir la course en raison d’un budget restreint ou parce que celui-ci a été bouclé à la dernière minute, poursuit Thibaut. Peu de temps avant le départ, ils récupèrent des voiles d’occasion ou réutilisent d’anciennes voiles à bout de souffle. Leur objectif est de franchir la ligne d’arrivée avec les voiles en un seul morceau. Nous prenons toujours le temps d’inspecter les voiles et de les réparer au mieux pour qu’elles tiennent la course jusqu’au bout. Et si on estime que l’état est préoccupant, on en fait part aux marins. Cela n’empêche pas les aléas de la course au large et les impondérables. Nous restons en contact avec les équipes pour les assister en cas de besoin.
« Cette année, la particularité est que nous avons beaucoup de bateaux neufs récemment mis à l’eau comme Apivia, 11th Hour, DMG Mori, Advens, Banque du Leman, et par conséquent un jeu de voiles neuves, explique Thibaut. On a dû effectuer le service de voiles plus anciennes en même temps que le développement pour ces nouveaux voiliers, d’où une charge de travail importante. C’était le cas par exemple fin septembre au moment du Trophée Azimut, première confrontation entre les IMOCA.»
« Ces visites sur place, conclut Alan, sont aussi l’occasion d’anticiper l’après course. Nos réunions avec les teams concernent également la performance des voiles pendant la course, l’état des lieux en fin de parcours, les réparations et ou les nouvelles modifications en vue de préparer la prochaine régate. »
Les premiers bateaux sont attendus à Salvador de Bahia au Brésil vers le 7 novembre 2019.